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Laïcité et critique de la religion

gepost op 13/04/16 door Aristide Durutte Trefwoorden  luttes sociales  répression / contrôle social  histoire / archive 

Difficile d’affirmer qu’en France nous n’avons pas HISTORIQUEMENT des racines « chrétiennes ». Toute l’histoire de ce pays fourmille de références chrétiennes. Du meilleur au pire. Il y a cependant une rupture radicale depuis la Grande Révolution de 1789 ; celle-ci a agi contre l’Ancien Régime et donc combattu – avec ardeur parfois – la religion qui était un de ses soutiens. Comme français on peut se revendiquer de ces deux héritages sans compter celui, ultérieur, de la laïcité souvent cité aujourd’hui.

Un peu d’histoire : après presque cent ans ( le XIX° siècle ) de royautés, de révolutions et d’empires, le retour de la république a finalement accouché de la laïcité, preuve que, sous les régimes royalistes et impériaux couvait le refus de la religion inspiré des Lumières et de la Révolution de 1789. Il est évident que les mouvements socialistes – mais il faut s’entendre sur le mot : socialiste. Voir plus bas – ne sont pas pour rien dans ce feu ardent contre la religion. « Fous les églises par terre et l’ bon dieu dans la merde », dit une vieille chanson révolutionnaire reprise …en mai 1968. Aujourd’hui on voit bien qu’on ne peut aller contre la laïcité et, en conséquence, les oppositions se fondent sur les diverses conceptions que chacun veut bien se faire de celle-ci. Est-ce que porter une croix, un foulard islamique, … est contraire à la laïcité ? Et encore, même question mais en ajoutant dans l’espace publique, la rue, l’école, les administrations, etc… La laïcité suppose qu’on accepte le système représentatif républicain que les socialistes du XIX° siècle avaient nettement remis en cause. Partir de la laïcité, ce n’est pas comme partir de l’athéisme qui est un refus des religions. « L’opium du peuple » disait Marx. Parce que les religions ont été un soutien du pouvoir et de l’exploitation qui est liée à ce dernier. Même quand elle incite à la révolte contre un régime très oppressif comme celui du Shah d’Iran on voit qu’elle conduit à un autre régime qui l’est encore plus. On peut aussi prendre en compte les régimes dictatoriaux en Europe du sud ou en Amérique latine, ils ont bien souvent eu un recours commode à la religion catholique pour les soutenir. Même pour le régime nazi qu’on a qualifié d’athée, il suffit de lire « Mein Kampf » d’A. Hitler pour s’apercevoir qu’il avait des propos élogieux sur la religion. Il dira : « l’œuvre commencée par le Christ, je la mènerai à son terme. »

prêtres et officiers nazis saluant de concert

Le recours à l’idéologie de la « multiplicité des racines » – qui est évoqué quand on veut justifier la tolérance envers les exigences d’une religion comme l’islam – est très récent. Enfant des années Mitterrand et des organisations anti-racistes d’alors ( grassement financées par le pouvoir PS ) qui ont permis de faire passer la pilule de l’abandon pur et simple de la question de l’exploitation ( si tant est que ces gens-là ont eu, à un moment où à une autre, une réelle attention dans cette direction ). Plus récemment, « La société s’incarne aujourd’hui dans la tolérance, l’ouverture aux différences, une attitude favorable aux immigrés, à l’islam, à l’homosexualité, la solidarité avec les plus démunis. …contrairement à l’électorat historique de la gauche, coalisé par les enjeux socioéconomiques […] qui défend le passé et le présent contre le changement » écrit Terra Nova, ‘machine à penser’ de la gauche dans l’article : « Gauche, quelle majorité pour 2012 ? » L’apolitique (sic) du PS d’aujourd’hui en matière sociale a ses racines dans cette analyse et il est bien vain de se lamenter sur la soi disant trahison de la gauche sans vouloir lucidement considérer que l’attention aux mœurs et à la tolérance tous azimuts est le seul recours de la gauche depuis qu’il n’y a plus, comme le disait Thatcher, d’alternative au capitalisme… Pour cette engeance ( qui comprend la gauche ) bien entendu. Évidemment, ce constat ne signifie aucunement qu’on en vienne à une attitude défavorable là où la gauche veut une attitude favorable, prenant ainsi la position symétriquement opposée. Mais si on revient aux fondamentaux de l’anticapitalisme et qu’on se remet à penser sérieusement aux racines de celui-ci on s’aperçoit que, comme le disait Marx, le capitalisme est ce monde du perpétuel changement et de l’adaptation au marché – y compris celui du travail. (Parisot est d’accord)

Le recours à la laïcité est un repli sur la république. Le socialisme originel ( pas la bizarrerie partisane qui porte ce nom aujourd’hui ) va bien au delà puisqu’il aborde une critique nécessaire de la religion. Veut-on entreprendre des interprétations de la laïcité ? …dans un sens soit plus répressif soit plus tolérant ? Alors on participera au débat stérile sur l’interdiction par l’État du foulard, des cantines sans porcs, ou des prédicateurs salafistes ou autres choses encore… ( n’est ce pas, dans l’optique tolérante définie par Terra Nova, une insupportable infraction à la diversité des opinions que d’interdire le foulard islamique ? ) Ou bien veut-on critiquer la religion comme opium du peuple, sûr que derrière celle-ci se cache quelque chose qui n’est pas la religion mais qui relève de l’oppression ? Et ce, malgré les difficultés qu’une telle entreprise peut contenir maintenant que la déliquescence de la pensée populaire est bien avancée ? « il n’y a plus de classe en lutte mais une société de masse à la dérive » car « aujourd’hui l’ouvrier est la base du capital et non sa négation » dit Miquel Amoros.

Et donc dénoncer sans concessions les religions à chaque fois qu’elles veulent imposer leurs valeurs. Là est la question. A notre sens.

http://faut-le-dire.fr/index.php/2016/03/30/laicite-et-critique-de-la-religion/


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