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MEXIQUE : les élections et au-delà. Au moins 127 personnes ont été arrêtées

posté le 22/06/15 par les trois passants Mots-clés  luttes sociales  répression / contrôle social  Mexique 

MEXIQUE : les élections et au-delà. Au moins 127 personnes ont été
arrêtées pendant les actions et les mobilisations contre le pouvoir

https://liberonsles.wordpress.com/prison-politique/
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Les chiffres des personnes blessées et arrêtées par les forces de l’ordre
commencent peu à peu à émerger, certains médias évoquent environ 127
personnes arrêtées, principalement dans les États d’Oaxaca, Guerrero,
Chiapas et Michoacan. Une personne a été assassinée par balle : le jeune
Antonio Vivar Díaz, étudiant en dernière année de Licence de Développement
Communautaire de l’Université Pédagogique Nationale (UPN) de Tlapa de
Comonfort, qui laisse un enfant de 8 mois derrière lui.

Pendant la journée électorale mexicaine, diverses radios libres ont
transmis de façon conjointe des nouvelles données par des équipes
d’information réparties un peu partout au Mexique pour casser le blocus de
l’information imposé et manipulé par les médias payants et vendus. Toute
la journée du 7 juin et jusqu’à l’aube et pendant les premières heures du
8 juin, les témoignages de la révolte contre les élections et au-delà
n’ont pas cessé de s’enchaîner.

Pour garantir coûte que coûte la farce électorale, des militaires, des
policiers, des groupes de choc (paramilitaires) ont été déployés dans
plusieurs villes du pays : Oaxaca, Guerrero, Michoacán, Chiapas… Les
médias dominants, Televisa, TV Azteca, Tele Fórmula et Milenio, déchainent
leur lynchage médiatique contre la rébellion croissante et minimisent la
mobilisation. (1)

Le mécontentement social est en ébullition du nord au sud du pays, la rage
éclate à nouveau, il ne s’agit pas d’une simple colère passagère, mais de
la conséquence d’une longue histoire d’abus, de répression, de mépris et
d’autoritarisme exercés jusqu’au bout par l’État mexicain et les
gouvernements successifs. La révolte pré- et post-électorale a fait
émerger une fois de plus les exigences, les luttes, les résistances des
organisations, des collectifs, des individus qui continuent de lutter
contre cet autoritarisme aveuglant, continuent de lutter – dans beaucoup
de cas – pour l’autonomie, le respect de leurs us et coutumes propres, de
leurs terres, de leurs territoires, contre le pillage démesuré des
ressources, les expropriations, privatisations, assassinats, disparitions,
emprisonnements, tortures. Le Mexique est à bout, et dans cette révolte,
les urnes nourrissantes du capitalisme ne représentent que la carcasse
d’un système pourri qui continu de gonfler les portefeuilles de « ces
messieurs-dames » les députés, les sénateurs, les narcos, les
investisseurs, les hommes et femmes d’affaires, les hauts commandants de
l’armée et de la police, tous malades de pouvoir et tous désireux de
continuer cette guerre où tout leur est permis.

Oaxaca :

Après les fortes mobilisations et suite aux actions de boycott des
élections (les incendies des bureaux, de la propagande officielle et de
bulletins électoraux…) plusieurs communiqués commençaient à rendre compte
de cette mobilisation nationale qui s’est avérée intense, déterminée et
fortement réprimée.

Le communiqué de la Communauté autonome Ghi`Xhi`Roo`- Álvaro Obregón
[Oaxaca] déclare :

« Aujourd’hui, 7 juin 2015, dans le cadre de la journée de lutte contre le
processus électoral, l’assemblée communautaire Ghi`Xhi`Roo- Álvaro Obregón
a décidé de se joindre à cette initiative, nous avons expulsé les partis
politiques et leurs bureaux électoraux, et en installant l’assemblée
permanente nous avons décidé de résister pour notre vie et notre autonomie
 ». Depuis 10 heures du matin leurs compagnons et compagnonnes originaires
de la communauté indigène zapotèque [Binnizà] ont été attaqués par des
pistoleros payés par les autorités officielles de la région et qui ont
fait irruption dans l’assemblée permanente. La répression a laissé
derrière elle 10 personnes blessées, dont une dans un état grave. « C’est
de cette manière qu’ils essayent de piétiner notre autonomie, c’est comme
ça qu’ils essayent de piétiner notre organisation, mais, face à un peuple
libre, ils auront besoin de plus que ça pour réussir à le faire plier ».
Signée par l’Assemblée Générale communautaire Alvaro Obregon, le Conseil
d’Anciens et leur garde communautaire, l’Assemblée de villages indigènes
de l’Itsmo en défense de la terre et le territoire, leur déclaration finit
par la phrase : « La terre, la mer, le vent ne se vendent pas, ils
s’aiment et se défendent, pour l’autonomie et l’autodétermination de nos
villages » (2)

Assemblée Communautaire d’Eloxochitlán de Flores Magón [Oaxaca] :

D’autres communiqués ont circulé rapidement, comme celui de l’Assemblée
Communautaire d’Eloxochitlán de Flores Magón [Oaxaca], où a été décidé
également de boycotter les élections. Parmi leurs exigences  : la
libération immédiate de leurs 10 compagnons prisonniers, dont le compagnon
récemment arrêté Miguel Angel Peralta (très investi dans le processus
d’autonomie d’Eloxochitlán) ainsi que l’abrogation des mandats d’arrêt
contre 20 membres de l’assemblée. Dans le communiqué émis le 8 juin,
l’Assemblée déclare : « Face à la récente et évidente violation des
droits humains des habitants d’Oaxaca ainsi que face aux humiliations et
aux attaques systématiques de nos formes originaires d’organisation,
l’Assemblée Communautaire d’Eloxochitlán de Flores Magón reste ferme sur
le chemin d’une longue lutte, où la fatigue et l’épuisement ne sont qu’une
raison pour lever les ailes et continuer à travailler pour le respect de
l’auto-organisation des peuples originaires, et ce malgré le fait d’être
au milieu du terrorisme d’État »(…)« Nous sommes témoins de la farce
électorale avec laquelle prétend se légitimer un appareil de pouvoir
toujours étranger à la vision et aux besoins des communautés d’Oaxaca,
pour cette raison nous nous joignons aux appels lancés par la société
civile, les villages du Mexique en résistance, les étudiants, les
ouvriers, les organisations (…) pas un vote de plus pour ceux qui ont
déchiré nos frères d’Ayotzinapa , Tixtla, Tlapa, Cheran, San Quintín,
Xalapa, Atenco, San Dionisio del mar, Álvaro Obregón et tous les villages
et les individus qui pour avoir levé leur voix, ici dans notre Mexique,
ont été réprimés et massacrés (…) L’Assemblée Communautaire d’Eloxochitlán
de Flores Magón condamne l’intervention des forces de l’ordre mandatées
par le gouvernement de Gabino Cué. Leur déploiement démontre, une fois de
plus, l’échec catégorique de son discours « de transition politique et de
gouvernement différent » et prouve ainsi clairement que le système
politique est décadent et caduc ». (3)

Huajuapan [Oaxaca] :

Dans cette localité de la région mixteca, des milliers d’effectifs de
l’armée, de la police fédérale et de la gendarmerie, avançaient dans des
convois en direction d’Oaxaca.

Les autorités fédérales avaient pour objectif d’étouffer par le feu et le
sang les protestations et les résistances locales. Le boycott électoral
convoqué par la Coordination Nationale des Travailleurs de le l’Éducation
(CNTE) et reprise par des communautés de l’entité, se trouvait confronté à
tout l’État mexicain. Dans le studio de la radio locale libre, le
téléphone ne cessait pas de sonner, pour appeler à se joindre aux
mobilisations, depuis le studio on appelait à la prudence, mais dans les
faits l’histoire, elle, était toute autre. À midi les gaz et les boucliers
des policiers ont fait leurs apparitions aux côtés de 4 hélicoptères de
guerre, ce n’était pas une menace. L’affrontement avait déjà commencé,
provoqué par quelques centaines de policiers fédéraux et de l’armée. Des
centaines d’habitants et de professeurs qui se trouvaient à proximité de
L’institut National Électoral (INE) ont commencé alors la résistance.
Après quelques heures d’affrontements la police anti-émeute s’est repliée,
quelque temps plus tard la population s’est repliée également. Certains se
sont joints à la barricade de l’autoroute internationale, entre fumée de
pneus brulés, chansons de protestation, les moments de tranquillité
étaient stressants et fragiles.(4)

À Oaxaca de nombreuses actions – pour boycotter les élections et
revendiquer de multiples exigences – ont été menées par des organisations,
groupes, individus et maîtres d’école dans la ville d’Oaxaca, à
Tehuantepec, Juchitán, Niltepec, Zanatepec, Chahuites, San Francisco
Ixhuatán, Salina Cruz, Tapanatepec et Matías Romero entre autres. Rien
qu’à Juchitán, 1000 éléments de la police fédérale et de l’Armée ont été
déployés. De nombreuses arrestations ont eu lieu, on parle de plus de 79
personnes arrêtées. (5)

Article complet - Oaxaca ;Guerrero : Tixta, Tlapa de Comonfort ; Veracruz...
Les arrestations + vidéos, sur :
https://liberonsles.wordpress.com/prison-politique/

Résumé et traductions Les trois passants / Corrections et relectures
Caracol Solidario, Myriam et Amparo.


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