Curieux que Mediapart soit aussi peu loquace et si peu critique, intransigeant et véhément à la manière d’Edwy Plénel, à l’égard de la pétition et du "Manifeste contre le nouvel antisémitisme".
Curieux que Mediapart soit aussi peu loquace et si peu critique, intransigeant et véhément à la manière d’Edwy Plénel, à l’égard de la pétition et du "Manifeste contre le nouvel antisémitisme".
Pour le moment la seule prise de position du média (hors blogs privés), engagé pourtant dans l’anti-antisémitisme non anti-Islam, est cet article que je mets en partage, effectivement critique, signé par "la rédaction de Médiapart", ce qui vaut donc engagement collectif... mais qui ne fait que s’approprier l’excellente prise de position qu’a fait paraître Claude Askolovitch dans Slate.
Pourquoi un soutien aussi retenu et indirect? Un effet (pervers!) du syndrome "Ramadan"?
Edwy Plénel ne serait-il pas convaincu lui-même que ce "manifeste-pétition", qui a reçu des centaines de signatures de soutien de la part de personnalités politiques, médiatiques et de l’intelligentsia laïcarde, est une opération anti-islam dont la vraie cible est l’anti-antisémitisme qui ne stigmatiserait pas la religion musulmane, et l’anti-sionisme qui n’avaliserait pas la politique impérialiste et «coloniale» d’Israël?
Pourquoi Mediapart ne met-il pas en cause, ne réfute-t-il pas, ne condamne-t-il pas les expressions, les approximations et les positions caricaturales de cette pétition indigne d’une bonne partie de ceux qui l’ont signé?
Ignorerait-il que ce texte est d’abord, comme l’a signalé le Monde dés le 26 avril 2018 ("Le nouvel antisémitisme en France" un ouvrage qui suscite une vive controverse " par Marc-Olivier Behrer), une opération de promotion du livre-recueil des actes d’un colloque de l’association Schibboleth-actualité freudienne qui s’est tenu en septembre 2017 à Paris et qui s’est employé en particulier à fournir et à développer les raisons de dénoncer la réalité et l’occultation de ce «nouvel antisémitisme»?
Ce colloque, auquel participait Philippe Val, avait pour titre: «Psychopathologie d’un meurtre, anatomie d’un silence: Halimi, d’Ilan à Sarah: un syndrome contemporain».Pas question bien sûr de mettre en cause ni le thème ni la portée intellectuelle et même scientifique des travaux d’une association d’universitaires qui se situe à l’intersection culturelle du judaïsme et de la psychanalyse. Mais on peut s’interroger sur l’hypothèse qu’une partie de ces travaux et surtout leurs conclusions permettraient de forger et de considérer comme validée, celle de l’existence d’un «nouvel antisémitisme», dominant socialement parmi les musulmans, autorisant et justifiant les meurtres de juifs par des assassins se réclamant d’un islamisme de terreur. Comment passer du «déni», symptôme social du refus du caractère antisémite d’un meurtre, à l’émergence de cet antisémitisme musulman sans faire porter à la communauté musulmane la justification (le Coran, vous dis-je) et la responsabilité des meurtres terroristes perpétrés sur les juifs? Comme si les juifs étaient les seules victimes du terrorisme islamiste et l’islam coupable d’être le plus souvent la référence religieuse des terroristes!
L’invention du «nouvel antisémitisme islamique» n’est pas seulement l’instrument de la promotion particulièrement réussie d’un colloque dont l’intérêt intellectuel aurait pu, si ce n’est du, être plus confidentiel, c’est aussi la volonté de transformer le combat contre le terrorisme islamiste en guerre de religion.
Et quand on déclare la guerre, on ne tarde pas à voir les soldats. L’autre soutien de cette promotion, identifié dans le Manifeste, est le Comité de soutien Vérité et Justice pour Sarah Halimi, «comité» qui est le faux-nez, dédié à la cause Halimi, de la Ligue de Défense Juive (LDJ) dont nul ne saurait ignorer qu’il s’agit d’une organisation groupusculaire néo-sioniste d’activistes violents qui se réclament du judaïsme pour combattre, y compris physiquement et s’entraînant pour cela, toute manifestation, organisation ou acte qui leur paraissent antisémites ou antisionistes, branche française d’une association interdite en tant que terroriste aux USA ainsi qu’en Israël!
Jamais donc les «idées» et les «comportements» relevant de la «logique dévastatrice» d’une haine terroriste de l’anti-antisémitisme et de l’anti-sionisme n’avaient eu jusqu’à présent autant de soutiens et de fait droit de cité!
Qu’en pense Médiapart?