Quatrième de couverture.
"Des habitants de zone urbaine ou rurale vivent sans voiture, sans télévision, sans téléphone portable (incroyable), sans lave-linge, et même parfois sans frigo !… Sans intérêts pour la vie politique administrée par les professionnels (rémunérés) ou par ceux qui ont le temps de s’investir, ils se désinvestissent de la vie locale qui est au bout du compte gérée par la classe de l’encadrement.
Ils soutiennent que l’on ne peut pas vivre sans avoir le minimum vital. Ils se questionnent aussi sur ce qu’est le superflu...
Parmi eux, des jeunes parents précaires, chômeurs, chômeuses, refusent la spirale de la pauvreté et l’impossibilité structurelle d’avoir accès aux produits de première nécessité. (logement, santé, alimentation, transport, éducation)
Peu diplômés, sans argent, ils subissent l’isolement et la cherté des loyers et sont contraints de vivre dans des lieux de fortune. Victimes des marchands de biens, de sommeil et de la gentrification, ils sont souvent obligés de vivre chez des amis, de la famille sans pouvoir se poser.
De ce fait ils subissent l’isolement, le contrôle social, le flicage et la moralisation de ceux qui pensent qu’un autre "choix" est possible dans monde capitaliste.
Certains ont carrément abdiqué le combat de classe et vivent coupés du monde en autarcie, isolés de tous. La tendance s’affirme d’ailleurs encore plus avec la vieillesse. Par exemple dans un lieu fort reculé, sans eau ni électricité, ils ont pu construire un abri de fortune et font « de nécessité vertu ». Il ne peuvent plus se déplacer et n’ont plus accès aux différents lieux de socialisation.
Refusant de devenir des petits commerçants, n’ayant pas de capital à investir, sans parents argentés, pour eux avoir un travail c’est presque un "luxe". Même aliénant, le travail se fait rare dans certaines régions où l’on est obligé de quitter sa famille et amis pour s’en aller vivre ailleurs, loin, trop loin. Quelques fois pour ne plus revenir.
Certains ont même eu une vie de smicard ! et sans rouler sur l’or (à deux salaires) la vie était encore possible en se serrant la ceinture. Puis le chômage, la "compétitivité", les restructurations, les délocalisations, ont fait basculer des familles souvent des couples (dans la même entreprise) dans la misère ou l’extrême précarité. La trêve hivernale est un répit trop court avant l’expulsion.
Exclus du système de santé, ils passent souvent leurs journées dans les lieux administratifs ou dans ce dédale de demandes de formulaires, le temps perdu et l’humiliation sont les conditions pour essayer d’obtenir une allocation de survie.
Toutes ces trajectoires, bien que très différentes, tentent d’expliquer comment l’on subit certaines choses, certains "déterminismes" plus qu’on ne peut les choisir. Mais aussi que l’ascétisme "choisi" est souvent la pratique coupable d’une petite-bourgeoisie repue, une possibilité de distinction propre d’une classe sociale en mal de reconnaissance. Le principe de la "simplicité volontaire" que certains prônent, est une démarche volontariste religieuse selon laquelle la vie se trouve "ailleurs" dans une sorte d’au-delà ou dans une vie cénobite ou régulière.
Ce livre présente une cinquantaine de parcours typiques de déclassés in-volontaires qui nous expliquent les raisons de leurs non-choix, comment ils subissent les rapports sociaux capitalistes mais aussi la manière dont certains fantasment, les liens qu’ils croient pouvoir tisser en dehors des rapports marchands qu’ils croient éviter ou dépasser dans le simple retrait ou dans l’isolement faussement joyeux (pour la galerie militante).
Ils nous racontent comment certains croient forcer le réel en dehors du combat organisé (ou pas) de classe ceci avant que la réalité ne leur pète à la tronche, Ils critiquent la critique moraliste du prolétaire sur-consommant ou qui succomberaient à une "hyper-consommation" alors que la plupart ne peuvent que reproduire leur force de travail.